le plus beau "but" de ma carrière !

13 ans plus tôt .......un bivouac malheureux au col des Avalanches même, grossière erreur de débutant alors que 200m en dessous des emplacements étaient plus "confortables" ---) demi tour ........

13 ans plus tard ......une nuit tout confort au refuge Temple-Ecrins ; les info météo sont plutôt bonnes et celles des gardiens indiquent que c'est "sec mais ça passe ....besoin quand même des crampons, et une cordée y était hier" !!!???? ça on s'en doutait, on se voyait mal sur le glacier du vallon de la pilatte et dans la descente de la face N de la Barre de Ecrins en grosses chaussures sans crampons ! voulaient ils dire que le glacier des Ecrins était sec car c'est vrai que vue du refuge, il ne reste pas grand chose, mais au moins le rocher serait nickel ......
Réveil 2h20, départ à 3h, on est dans le timing annoncé : 3h pour l'approche de nuit sur un glacier très crevassé, on se dirige en devinant le Fifre devant nous et la paroi NW du Coolidge rive gauche......

Enfin la belle face sud de la Barre devant nous, quelle autre allure de prés, on sort le topo et on se dirige vers ce qui nous semblait l'attaque ( 2eme cône à gauche du col ) mais déjà quelques choses nous titillent : la photo de départ ne ressemble pas à ce qu'on a en face de nous, mais bon, 6h30, on est prêt, le jour se lève et l'on est impatient d'avaler les 600m qui nous séparent du sommet ...... Mon compère se colle à la tache dans un rocher délité et non protégeable avec un pas bien plus dure qu'indiqué sur le topo !!!!  il cherche à droite, à gauche, le moyen de passer un léger surplomb.....trop expo, désescalade ; on file un peu plus à droite pour trouver un passage....... effectivement, du rocher plus compact mais toujours improtégeable ...2eme échec. Ce n'est pourtant qu'une course coté AD, notre niveau, mais que se passe t'il ? serait ce toute la face dans ce style ou juste le départ ?! Par curiosité on va au 1er cône : une fissure/dièdre en rocher correct mais verglacé : 3eme échec ....... l'heure tourne!
On retourne au 2eme cône, c'est le bon c'est sur, mais on comprend alors que le cône de neige a tellement fondu que l attaque de la voie se trouve maintenant à 15m en dessous et qu'il a laissé place à ce rocher pourri et improtégeable. Je décide quand même de tenter une dernière, je fais quelques pas de plus pour jeter un oeil à une prise salvatrice, un becquet, ou une fissure mais rien. La chute à ce moment là est interdite sous peine d'un retour au sol avec au mieux des blessures graves et au pire une caisse en sapin. Je désescalade à mon tour tant bien que mal ......l'heure tourne et cela fait 2h que l'on guenille à faire de la couenne à 3500m pour trouver le passage ! On signe le but.
En redescendant de jour sur le glacier du vallon de la Pilatte, on devine nos traces de montée et d'autres de descente !!! :" une cordée y était hier" mais a t elle buté ???? On comprend alors beaucoup de choses qui se confirmeront au refuge.

Bilan : 
- bien que l’excès de neige ou la pluie soit l'ennemi du grimpeur en rocher, c'est le manque de neige ( cône trop bas) qui nous a mis dedans : j avais pris soin de prendre en photo le départ, j'ai pu comparer avec celle de la gardienne, la différence est stupéfiante ! fait exceptionnel dû aux grosses chaleurs des derniers jours ?!
 - Prendre avec du recul les info pris au refuge pour cette course, car il s'agit d'une traversée, et les cordées ne repassent pas par le refuge si elles réussissent, et  n' appellent pas pour donner des info ; de même que celle qui " but" ne s’arrêtent pas forcement au refuge aussi ! d'où la pauvreté d'informations. Apres avoir recoupé les info du refuge et celles de c2c, il y avait la veille 2 cordées ( une avait bivouaqué) à l'attaque : une a "buté" comme nous au cône, l'autre est passé plus à droite sur ce qui nous semblait une variante possible mais non protégeable .
- c'est aussi une histoire de niveau et de mental, si le 1er "engage la viande" ( 1ere longueur, pas de point, retour au sol) , ça passe effectivement ! nous ne voulions pas jouer à la roulette pourtant nous avions déjà fait aussi dur ailleurs , mais PROTEGEABLE bordel
- Avec ces info, on aurait peut être fait une autre course .....
- c'est une course AD, mais rien avoir avec la traversée de la Meije, juste à coté, où l'on grimpe de suite sur du bon rocher sauf plantage ou mauvaise météo. bien qu'on ne sache pas comment est la suite de la course, les CR ont confirmé ce que l'on pensait du rocher. c'est donc une course à faire en début de saison pour des conditions optimales.

RDV pris l'année prochaine !